Barack Obama s’était engagé pour son second mandat à limiter la possession des armes à feu
A chaque fusillade, aboutissant le plus souvent à des morts en masse, la question des armes refait surface. En 2011, les civils américains détenaient 270 millions d’armes à feu.
Fait plutôt réjouissant, la possession d’armes a tendance à diminuer depuis les années 1970 (source: gunpolicy.org):
Mais les nombre de meurtres par armes à feu aux Etats-Unis est toujours inquiétant:
Le programme de réduction initié par Obama suite au massacre dans l’école primaire de Sandy Hook (26 victimes dont 20 enfants), Now is the time, a été rejeté en avril 2013 par la Chambre des représentants (à majorité républicaine) et le Sénat (pourtant contrôlé par les démocrates).
La NRA (National Rifle Association) est une association fondée en 1871 qui compte 4,2 millions de membres. Sa politique de lobbying intense empêche toute modification des réglementations sur les armes à feu. En 2012, 205 députés et 42 sénateurs ont reçu des fonds de cette organisation pour financer leurs activités politiques. La NRA a dépensé 13, 8 millions de dollars contre le plan Obama.
D’après: Atlas géopolitique 2015, Alexis Bautzmann (dir.), Ed. du Rocher, 2014.
Le 8 novembre, en même temps que le vote présidentiel, les Californiens vont se prononcer sur la Proposition 63 qui si elle est acceptée limitera l’acquisition de magasins de munitions à grand contenu (Large-Capacity Ammunition Magazine Ban) et instaurera des contrôles plus stricts pour l’acquisition de munitions en général (Background Checks for Ammunition Purchases).
Les clips de campagne des deux opposants:
Martin Grandjean, chercheur à l’Université de Lausanne, a publié sur son blog personnel une infographie sur les Américains morts par arme à feu. Son blog du magazine suisse romand L’Hebdo le décrit comme un chercheur “au croisement de l’histoire contemporaine et des technologies de l’information [et] porte-parole d’Humanistica, l’association francophone des humanités numériques. Dans [sa] tribune, il questionne notre relation à la visualisation de données.”
Cet article a été repris par l’hebdomadaire français Courrier international.
L’auteur de cette visualisation est certainement de bonne foi quant aux données représentées et à sa volonté de dénoncer les errements états-uniens concernant la politique des armes. Cependant une telle infographie n’est pas acceptable d’un point de vue méthodologique.
Certes, les Américains victimes d’homicides par arme à feu peuvent être au nombre de 164’089 depuis l’année 2000, mais comment peut-on comparer ces victimes domestiques, relevant d’une violence individuelle (même si découlant peu ou prou de politiques nationales dans leurs dimensions sociales et économiques), avec des guerres de portée internationale (décidées à l’échelon présidentiel avec ou sans l’accord des Nations unies) en ignorant les victimes non-américaines?
Rappelons que la guerre du Vietnam (“la guerre la plus noble de l’histoire des États-Unis” d’après Ronald Reagan en 1980) a causé, outre les 58’220 victimes américaines (sur les 8,7 millions militaires américains ayant participé ce conflit), au minimum 1 million de victimes vietnamiennes, voire 3 millions selon les bilans les plus pessimistes. Comment peut-on comparer une guerre d’extermination de l’ennemi à l’aide d’agent orange avec des homicides par arme à feu, même collectifs?
Et comment comparer les homicides par armes à feu aux Etats-Unis avec les victimes américaines en Irak (4’492 pour 160’000 à 180’000 civils irakiens morts (en bleu les victimes de la coalition militaire menée par les Etats-Unis, en rouge, les civils irakiens)?
Source: https://www.iraqbodycount.org)
Relevons enfin avec le magazine Carto (° 37, septembre-octobre 2016) la corrélation entre armes à feu et crimes haineux dans l’est américain: