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Des perruches urbaines

le mardi 1 novembre 2016 dans Environnement, Flux, Risques | 0 commentaire

Intéressons-nous aujourd’hui à cette espèce appartenant à la famille des perroquets, les perruches à collier.

Quel rapport avec la géographie?

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Selon Le Temps et le site ParrotNet, qui estime à plusieurs centaines ou milliers de volatiles leur nombre dans les grandes villes européennes, “plus de 50’000 perruches [vivent] à Londres, environ 12 000 à Bruxelles, 1500 au cœur d’Amsterdam ou encore un millier à Madrid.”

Les oiseaux en question appartiennent à la famille des perroquets: en Europe, on trouve principalement deux espèces de perruches, la perruche à collier et la conure veuve. La première s’est établie plutôt dans le nord. Elle est facilement reconnaissable à son plumage vert pomme, son bec rouge et le collier noir qui lui donne son nom. Au sud du continent, on trouve plutôt la conure veuve, également de couleur verte mais avec du gris sur le front et la poitrine, ainsi que du bleu sur les extrémités de ses ailes.
Si ces volatiles ont l’air de se plaire en Europe, ils sont originaires d’autres latitudes. La perruche à collier, par exemple, a une aire de distribution qui comprend les zones tropicales des continents africains et asiatiques. La conure veuve, elle, est originaire d’Amérique du Sud. Comment ces oiseaux exotiques se sont retrouvés sur le Vieux Continent, qui plus est en masse? C’est l’humain et son goût pour les oiseaux en cage qui est responsable de l’arrivée des perruches dans nos contrées.
Les premières apparitions de ces oiseaux en Europe semblent dater des années 1970, consécutives à des relâchements sauvages ou accidentels. Certains de ces événements peuvent être datés précisément. En 1974 à Bruxelles par exemple, une quarantaine de perruches à collier ont été libérées par un zoo de la ville. Cette même année en région parisienne, un conteneur de la zone aéroportuaire d’Orly a malencontreusement laissé échapper une cinquantaine d’individus. Le même scénario s’est reproduit en 1990, cette fois à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle également.
Depuis, les populations ne cessent de croître. Le climat tempéré qui prévaut dans les pays côtiers de l’Europe occidentale, notamment en Angleterre ou aux Pays-Bas, a favorisé la survie de ces oiseaux aux origines tropicales. Et pour survivre aux froids hivernaux, étape cruciale dans la vie d’un habitant des rues, les perruches peuvent compter sur la nourriture disponible dans les mangeoires fournie par de généreux habitants.
En Suisse, leur présence reste cependant anecdotique. «On compte seulement quatre à dix perruches à collier observées annuellement en Suisse depuis 2006, avec un pic inhabituel en 2013 de 82 individus», indique Laurent Vallotton, ornithologue au Muséum d’histoire naturelle de Genève.

 

Quels sont les enjeux géo-biologiques liés à cette espèce invasive?

«Leur taille [environ 40 cm de long] est légèrement plus grande que les oiseaux concurrents, qui peuvent donc être relativement impressionnés, explique Daniel Cherix, professeur honoraire au Département d’écologie et d’évolution de l’Université de Lausanne. Mais elles ont surtout la caractéristique de se déplacer et de nicher en groupe. Les perruches ont donc l’avantage du nombre.» S’étant approprié nourriture et habitat, l’espèce peut se reproduire sans difficulté et prendre gentiment le dessus sur les espèces indigènes. […]

Cependant «l’arrivée d’une nouvelle espèce n’est pas un problème en soi. Il ne faut pas oublier que toutes les espèces existantes aujourd’hui ont un jour été «envahissantes». Je pense ici à la recolonisation des terrains laissés vierges après les épisodes de glaciation qui ont jalonné l’histoire de la terre. Ce qui pourrait poser quelques difficultés sur le plan écologique dans le cas des perruches, c’est que cette fois, leur arrivée est très rapide. Les espèces locales n’ont pas eu le temps de s’adapter et de se spécialiser dans une niche écologique.» Le risque serait dès lors de voir les oiseaux locaux disparaître. Pour l’heure, Laurent Vallotton estime que «seules quelques populations très localisées ont un réel impact négatif sur les oiseaux locaux rares et les chauves-souris». Mais la vigilance reste de mise. […]

Dans leur continent d’origine, quand les perruches s’attaquent aux cultures, elles peuvent devenir un réel fléau. En Inde par exemple, elles ont l’habitude de pénétrer en un grand groupe dans les champs cultivés où elles effectuent des ravages dans les étendues de céréales, les plantations de citronniers et de pruniers. L’impact économique de l’espèce peut donc être conséquent.
«En Europe, le coût des espèces invasives dans leur ensemble est estimé à 12 milliards d’euros par année, rappelle Daniel Cherix. Ce chiffre prend en compte l’aspect écologique, économique et médical», certaines espèces invasives pouvant importer des maladies, tel le moustique tigre.

D’après: Nathalie Jollien, “Perruches, les dessous d’une invasion”, Le Temps, vendredi 21 octobre 2016. https://www.letemps.ch/sciences/2016/10/21/perruches-dessous-dune-invasion

 

L’arrivée de ces perruches aux couleurs éclatantes a inspiré en 2013 une série sur ces oiseaux exotiques au photographe japonais Yoshinori Mizutani, «Tokyo Parrots», et produit des photographies surréelles au moyen de flashs très puissants pour témoigner de ce phénomène incongru.

 

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