Près de neuf mois après l’adoption de l’accord de Paris sur le climat en décembre 2015 , seuls 25 Etats représentant 2 % des émissions l’ont ratifié. Dans Le Monde:
Des vingt pays les plus riches de la planète, qui se retrouveront à partir de dimanche à Hangzhou [pour le sommet du G20], aucun n’a jusqu’ici ratifié l’accord de Paris, à l’exception de la France, qui a bouclé le 8 juin son processus d’adoption, mais doit désormais attendre que les autres membres de l’Union européenne (UE) fassent de même pour rendre cette ratification effective. Relevant à la fois de la compétence des Etats et de celle de l’UE, le traité adopté lors de la 21e conférence des Nations unies – la COP21 – requiert que l’Union et ses vingt-huit Etats membres déposent conjointement leurs « instruments de ratification ». Pour le moment, seuls deux pays ont rempli leurs obligations : la France et la Hongrie. Ecartelée entre des Etats avancés dans la voie de la transition énergétique (à l’instar du Danemark) et des nations très dépendantes du charbon (la Pologne en tête), l’UE pourra difficilement conclure ces négociations d’ici à la fin 2016 et la COP22, en novembre, à Marrakech, au Maroc.
Pour entrer en vigueur, le texte doit obtenir la ratification d’au moins 55 pays représentant au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre. D’autres Etats, notamment les puissances émergentes, devront passer de la parole aux actes. Au Brésil, le président par intérim Michel Temer pourrait ratifier le texte fin août, prédit le site Observatoire do Clima. En Inde, le processus de ratification a commencé en juin, avec la visite du premier ministre Narendra Modi à Washington. Début juillet, New Delhi a répété que les pays riches devaient offrir à l’Inde un accès aux technologies et une aide au financement. Les émissions indiennes de gaz à effet de serre (6,5 % aujourd’hui) ont augmenté de 67 % entre 1990 et 2012. Si rien n’est fait pour changer de modèle de développement, celles-ci pourraient doubler d’ici à 2030.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/cop21/article/2016/08/30/climat-l-enlisement-de-l-apres-cop21_4989602_4527432.html#7mbov2eliSivQg0e.99
Dans Libération, Christian Losson ne mâche pas ses mots:
Depuis ses envolées vibrionnantes à la tribune de la COP, au Bourget l’an passé (et une piqûre de rappel en avril à l’ONU), le locataire de l’Elysée a renoué avec le business as usual. La lutte climatique était donc bien une parenthèse enchantée et son plus beau succès diplomatique. Depuis, la mise en œuvre et la concrétisation des engagements – en France ou dans les pays pauvres – patinent. Hollande aurait pu être l’aiguillon d’une révolution des esprits face à l’impératif de solidarité climatique : il n’aura été qu’un post-it fluorescent le temps d’un sommet inédit. Son bilan sur l’aide publique au développement (APD) traduit la même inconstance. Le chef de l’Etat a bien promis, lundi, le cœur sur la main, qu’il l’augmenterait dans la prochaine loi de finances 2017, après six ans de baisse. Mais, comme l’épingle Oxfam, «redresser la barre la dernière année de sa présidence est une bonne nouvelle si elle ne se transforme pas en écran de fumée.» En 2015, année de crise humanitaire record, Paris n’a ainsi consacré à l’APD que 0,37% de son revenu national brut, soit 8,2 milliards de dollars, la moitié de ce que la France avait promis il y a près… de cinquante ans. Un chiffre piteux quand on sait que la Grèce, exsangue, avait dopé son aide de 38,7% pour faire face à l’afflux sans précédent de réfugiés.