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L’Amérique de la colère

le vendredi 28 octobre 2016 dans Géopolitique, Société | 0 commentaire

Le Monde du samedi 29 octobre publie un très bon supplément de 16 pages consacré aux Etats-Unis et aux enjeux de l’élection présidentielle du 8 novembre 2016. Je reproduis ici l’article introductif de Christophe Ayad qui a pour titre “L’Amérique de la colère” et pointe l’émergence d'”d’un populisme xénophobe et autoritarisme jusqu’ici inconnu aux Etats-Unis, incarné par Donald Trump”, ainsi que des photos de Darcy Padilla et des cartes qui illustrent le dossier.

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Les Etats-Unis commencent-ils à ressembler à la vieille Europe, obsédée par son déclin, affaiblie par ses divisions et rongée par ses problèmes d’identité ? Le « rêve américain » s’est-il éteint au profit du ressentiment envers la mondialisation, accusée de tous les maux, et ceux qui l’incarnent le plus, les élites et les migrants ? L’irruption sur la scène politique américaine d’un populisme xénophobe et autoritariste jusqu’ici inconnu aux Etats-Unis, incarné par Donald Trump, est le phénomène majeur de l’élection présidentielle américaine du 8 novembre 2016, quel que soit le vainqueur.

Le magnat de l’immobilier a marqué l’interminable campagne électorale de son sceau, pas seulement par ses outrances, qui ont brisé bien des tabous et ouvert la porte à la violence, aux accusations de complots et à l’insulte dans la politique américaine. Mais avant tout par la façon dont il a révélé au grand jour et structuré une nouvelle catégorie sociopolitique, les Blancs déclassés, cette majorité invisible qui n’est pas la plus pauvre mais qui pense que l’élite politique la méprise, que le « rêve américain » n’est plus qu’une formule creuse et que ses enfants n’ont pas d’avenir.

Comme Marine Le Pen, Geert Wilders ou Nigel Farage en Europe, Donald Trump a dirigé l’amertume de ces Blancs déclassés et aigris contre « l’étranger » – qu’il soit latino, musulman ou même afro-américain (peu importe qu’ils soient des Nationaux ou pas) – désigné comme une menace et bouc émissaire de leur mal-être. D’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, on chante la même rengaine, celle du « c’était mieux avant » (« Make America Great Again ») en promettant de fermer les frontières aux marchandises et aux hommes, en faisant croire que l’isolationnisme est encore possible.

Trump a bouleversé radicalement la politique américaine et, plus encore, le Parti républicain. Pendant trois décennies, le Grand Old Party a défendu un mélange d’ultralibéralisme économique et de moralisme religieux. Trump, lui, a triomphé aux primaires en remettant la question sociale au centre de ses préoccupations. Mais il risque, très probablement, de trébucher à l’élection à cause de son traitement explosif de la question raciale – son mépris envers les Noirs, sa haine des Latinos –, des préventions de l’électorat religieux et, surtout, de la mobilisation des femmes heurtées par son sexisme.

Hillary Clinton, si elle est élue présidente, héritera d’un pays déchiré, au bord de la crise de nerfs. Elle-même, dont le mari a incarné dans les années 1990 les excès du social-libéralisme, a failli être emportée par cette vague dans son propre camp. Les partisans de Bernie Sanders, les militants de Black Lives Matter ou ceux d’Occupy Wall Street sont l’autre versant de cette colère et de cette frustration, qui trouvent leurs racines dans la crise de 2008, l’impunité de ceux qui l’ont causée, et le sentiment que les inégalités – sociales, raciales – ne font que croître.

En s’aliénant les minorités, dont la coalition forme une quasi-majorité, Trump a oublié ce qui fait la spécificité de l’Amérique par rapport à l’Europe : sa capacité remarquable à intégrer les nouveaux venus et à en faire des citoyens américains. Les Etats-Unis ne sont pas l’Europe, ou du moins pas encore. Mais le chauvinisme et la haine libérés par Donald Trump sont une bombe à fragmentation dont les effets risquent de se faire sentir pendant longtemps. Malgré huit années de présidence Obama, le pays est plus divisé que jamais.

Ces révoltés, de gauche, veulent plus d’Etat pour rééquilibrer la balance, corriger les injustices. Si Hillary Clinton leur prête l’oreille, tout comme elle a intégré des éléments du programme de son rival Sanders, alors, oui, les Etats-Unis ressembleront un peu plus à l’Europe. Pour le meilleur, et non pas le pire.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/10/27/l-amerique-de-la-colere_5021616_829254.html#tBlROHd9zegzKcMO.99

 

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